A la recherche de l\'invisible

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Contes et Légendes


Le cercle des fées

 

Un soir d'été, la belle Manon s'en allait rentrant chez elle après le bal. Ne voulant pas faire un grand détour, elle décida de passer par la forêt.

Elle savait toutes les choses que l'on racontait ici et là sur les êtres qui vivaient en cet endroit. Mais après avoir dansé pendant des heures, la belle Manon ne pensait qu'à une chose: rentrer chez elle pour tremper ses pieds dans une bassine d'eau glacée !

 

Elle prit donc le chemin qu'elle avait l'habitude de prendre quand le Roi Soleil brillait dans le ciel.

Mais là, c'était sa soeur la Lune qui luisait de ses pâles rayons bleutés et elle avait beaucoup de mal à éclairer le chemin noueux des bois!


Manon s'éraflait les jambes à chaque pas, mais elle ne voulait en aucun cas s'arrêter, de peur qu'une bête vienne la dévorer!

Les heures avançaient et la nuit était de plus en plus noire et les rayons ne traversaient plus la grosse épaisseur de branches qui couvraient le sentier.

Plus le temps passait, plus le coeur de Manon battait car la demoiselle ne savait plus où elle devait aller! Elle le connaissait pourtant bien ce chemin, mais là, la fatigue et l'obscurité firent qu'elle se perdit bel et bien!

 

Elle fut prise de frayeur et chaque pas devint un vrai supplice. Les larmes commençaient à lui brouiller la vue et à couler le long de ses joues. Lorsqu'au loin, elle vit derrière des buissons, une petite lumière. Elle s'approcha sans faire de bruits... Et là, sous ses yeux ébahis, elle vit de magnifiques petites fées en train de danser, de virevolter, de chanter...

Elle n'osa les interrompre de peur qu'elles ne s'échappent ou qu'elles ne lui fassent un mauvais sort!


Elle se laissa donc bercer par les mélodies douces, guillerettes et rassurantes des fées. Elle en oublia même sa peur!
Elle se laissa aller jusqu'au petit matin. Les unes après les autres, les fées disparurent.

Et lorsque Manon prit conscience de la fin des chants, il n'en restait plus une.
Elle s'avança dans la prairie déserte et quelle ne fut pas sa surprise de voir à la place de la ronde de fées, un cercle dessiné sur le sol.

 

Elle avait déjà entendu parler des cercles de fées mais elle n'avait déjà pas osé imaginer que les fées existent, alors les cercles de fées, encore moins!!!!

Mais, malgré le levé du jour, elle ne savait toujours pas où elle se trouvait et quel chemin elle devait prendre pour rentrer chez elle! Et soudain, une idée lui vint :"La légende dit que les cercles de fées exaucent les souhaits de ceux qui se glisse en son centre! Moi qui pensait que les fées n'existaient pas, je dois avouer que je n'ai rien à perdre!"


Et aussitôt dit, aussitôt fait! Manon se glissa au centre du cercle de fées, là où l'herbe est d'un vert plus clair, intense; et elle commença à formuler son voeu: " Magie des fées, exauce mon voeu... Emmènes-moi dans ma demeure! Je suis perdue!"

Et en un instant, Manon se retrouva sur le seuil de sa maison! Quelle ne fut pas sa joie!
Elle franchit la porte et s'écria:" Papa, maman, vous ne devinerez jamais ce qu'il m'est arrivé!!!"
Son père, rouge de colère, ne lui laissa pas finir ses explications et lui intima l'ordre d'aller dans sa chambre et de ne plus en sortir avant qu'elle ne soit marier!

 

Manon, devant le visage renfrogner de son père et les yeux de sa mère rougis par les larmes, la tête basse, s'exécuta et garda le secret car après tout, qui la croirait?

Mais vous, lecteur, qui avez prit le temps de lire l'histoire de Manon, si d'aventure en pleine forêt, vous voyez au petit matin, un cercle de Fées, là où l'herbe est d'un vert clair, intense, glissez-vous en son centre et faites un voeu! On ne sait jamais, la magie des fées peut peut-être vous exaucer!!  

 

  Fin


10/11/2010
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Contes, récits et légendes des pays de France

 

 

 

 

Il y a toujours eu, il y aura toujours, à Lectoure, un Homme Vert, qui garde les oiseaux, et qui est le maître de toutes les bêtes volantes. L'Homme Vert ne fait ni ne veut de mal à personne. Jamais on ne l'a vu manger ni boire. Presque toujours, il vit caché. Quand il se fait voir, l'Homme Vert choisit toujours un endroit où nul ne peut atteindre. J'ai connu de vieilles gens qui l'avaient aperçu plus d'une fois sur les Rochers des Bohèmes (ainsi nommés parce que les Bohèmes s'abritaient sous leurs surplombs. Ces rochers étaient situés au nord de Lectoure, près de l'ancienne fontaine du Saint-Esprit. L'établissement d'un chemin de ronde a fait disparaître le tout.), et sur ceux de l'Hôpital (situés au midi de Lectoure). Quand j'étais petit, on disait déjà que l'Homme Vert ne se montrait plus aussi souvent qu'au temps passé. Pourtant, je l'ai vu deux fois, et je me souviens de tout.
Un soir, mon pauvre père (Dieu lui pardonne !) avait affaire au Pont-de-Pîle.

- Enfants, me dit-il, tu vas venir avec moi. Peut-être, en passant sous les Rochers de l'Hôpital, verrons-nous l'Homme Vert, qui garde les oiseaux, et qui est le maître de toutes les bêtes volantes.
Nous partîmes, vers les quatre heures du soir. Le temps était superbe. Sous les Rochers de l'Hôpital, mon pauvre père s'arrêta et me dit :
- Regarde.
Je fis ce que mon pauvre père me commandait, et je vis l'Homme vert, qui garde les oiseaux, et qui est le maître de toutes les bêtes volantes. Il était assis au sommet d'un vieux rempart. L'Homme Vert ne disait rien. Mais il agitait son bras droit, comme un semeur qui secoue du blé.
- Bonsoir, Homme Vert, dit mon pauvre père.
- Bonsoir, Homme Vert, dis-je aussi.
L'Homme Vert nous regarda, du haut du vieux rempart, et répondit :
- Bonsoir, père Cazaux. Bonsoir, petit Cazaux.
Nous passâmes. Vingt pas plus loin, je me retournai. L'Homme Vert n'était plus là.
Je pouvais avoir alors dix ou onze ans. Jamais moi et mon pauvre père n'avons dit mot, même entre nous, de ce que nous avions vu tous deux. Mais je voulais revoir l'Homme Vert. Bien souvent, je m'en allai seul, sous les Rochers des Bohèmes et de l'Hôpital. Pendant tout un mois, j'espérai, sans rien voir ni rien entendre. Pourtant, je pensais toujours :
- Il faut que je revoie l'Homme Vert.
Un soir, vers les deux heures, j'avais grimpé, comme un chat, jusqu'au haut des Rochers de l'Hôpital, où j'avais vu l'Homme Vert. Là, je m'étendis à l'ombre, au pied du vieux rempart, et je m'endormis.
Le bruit de l'orage me réveilla. Je regardai le ciel. Il était noir comme l'âtre. Toutes les cloches de la ville sonnaient pour conjurer le mauvais temps. Les éclairs m'aveuglaient, et je sentais l'odeur de la terre au premier moment de la pluie.
Tout à coup, ce fut un déluge. Serré contre le rempart, j'écoutais les grands coups de tonnerre, et le bruit des eaux. Pourtant, je n'avais pas peur, et j'étais content de voir des choses qui n'arrivent pas chaque jour. Enfin la de la tempête tomba. Le vent emporta les mauvais nuages, et je revis le soleil.
J'allais rentrer chez nous, quand j'entendis du bruit au-dessus de ma tête. C'était l'Homme Vert, assis en haut du vieux rempart.

Il agitait son bras droit, comme un semeur qui secoue du blé. Cette fois, ce fut lui qui me parla le premier.
- Bonsoir, petit Cazaux.
- Bonsoir, Homme Vert.
- Petit Cazaux, il y a longtemps que tu me cherches. Je le sais. Que me veux-tu ?
- Homme Vert, c'est vous qui gardez les oiseaux, et qui êtes le maître de toutes les bêtes volantes. Donnez-moi un merle, un beau merle qui siffle bien.
- Petit Cazaux, je ne donne pas mes bêtes volantes ; et je ne vends mes oiseaux ni pour or, ni pour argent. Si tu veux un merle, un beau merle qui siffle bien, tâche de l'attraper. Et maintenant, petit Cazaux, rentre à la maison. Tes parents sont inquiets à cause de toi.
L'Homme Vert partit, et je rentrai à la maison, où tout le monde fut bien aise de me voir. Pendant trois ou quatre ans encore, je revins seul, et bien souvent, au même endroit. Pourtant, jamais, au grand jamais, je n'ai revu l'Homme Vert.

Jean-François Bladé, Contes, récits et légendes des pays de France


05/04/2011
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